Le mouvement de l’Univers est une danse ouverte sur l’infini. Avec ses ondes lumineuses et ses océans de particules, c’est une danse du jaillissement, de la propagation et du rebond. Théâtre inouï de tout ce qui accélère et ralentit, se dilate et se rétracte. C’est la clameur originelle du monde qui génère ses formes et ensuite les dissout, pour en recréer indéfiniment de nouvelles. L’Être danse son incessante métamorphose et cette danse est partout. C’est ce qui file dans une étoile filante. C’est ce qui conjugue les arbres dans les forêts. C’est ce qui donne un parfum aux pierres. C’est ce qui enchante les pensées. C’est l’architecture des rêves, le magnétisme de la peau ou la démultiplication du rire. Ivresse qui relie toutes choses.

Rejoindre la danse, c’est donc surmonter l’Oubli. C’est se rappeler que la danse est déjà là, à tout endroit, à tout moment. Il n’est alors même plus nécessaire de la rejoindre, il suffit de la reconnaître et de s’y embrasser. On dit que certains Sages parviennent à danser continuellement avec l’Univers. On disait la même chose, en Égypte et en Grèce, de certaines Prêtresses du Culte d’Isis et des Mystères d’Éleusis.

Or le Sphinx est toujours vivant. Il nous rappelle que cet horizon demeure actuel pour nous tous, même au milieu des marécages. Parmi les symboles qui peuplent et animent les cosmologies traditionnelles, la figure du Lion occupe une place particulière. Il représente la toute-puissance du Soleil créateur. Il exprime la Joie la plus authentique. Et l’un dans l’autre, il symbolise la Conscience Cosmique. C’est la raison pour laquelle les Égyptiens et les Grecs, avec leurs sculptures et leurs mythes, firent fondre d’immenses têtes humaines dans un corps ailé de Lionne ou de Lion. Nommée Sphinge ou Sphinx, la souche de notre nature cosmique était ainsi révélée. À travers ces énigmatiques miroirs, on retrouvait le Chant de la Création. On célébrait l’unité de la Terre et du Ciel. L’Éternité de la Vie.

Alors la Danse du Sphinx, s’il en est une à raviver, c’est répondre à nouveau à cet appel. C’est se laisser glisser dans la peau du Sphinx ou de la Sphinge pour mieux ressentir le mouvement organique du cosmos. C’est s’en remettre à la danse pour l’amplitude de son éventail expressif. Pour sa fascinante propension à s’accommoder de l’immobilité autant que de l’extravagance. L'expérience débute avec le relâchement du mental et des visualisations. Elle s’ouvre au mouvement et se déplie peu à peu. Elle s’intensifie jusqu’à la transe. Puis elle se redépose et se suspend, jusqu’à s’intérioriser. Jusqu’à ce qu’émerge de lui-même, autant que possible, l’état méditatif.

La Danse du Sphinx est avant tout une pratique de danse immersive et spontanée, guidée de bout en bout par un parcours musical qui en ponctue les différentes tonalités. Elle est ouverte à toutes et tous, avec comme principe une constante liberté de mouvement. On peut y venir pour l’expérience physique, l’allégresse, ou pour l'énergie offerte par le groupe. Mais parce que la danse est un formidable outil pour canaliser les émotions et adoucir les pensées, parce qu’exubérance et dépouillement peuvent s’enrober l’une dans l’autre, on peut s’y inviter aussi pour accéder à plus de paix intérieure, à plus d’amour. S’y retrouver plus proche de notre véritable nature. Éternel Soleil. Joie. Sphinx vivant.